Événements récents (repères historiques)
Posté : 30 juil. 2019, 15:38
Août 1557 : désastre de Saint-Quentin.
Ce bourg aux fortifications médiévales, sis sur la frontière des Pays-Bas espagnols, est assiégé par les troupes des Habsbourg le 2 août 1557, au cours de la XIe Guerre d'Italie, qui oppose le roi de France Henri II (maison de Valois), allié au pape Paul IV (un Napolitain très hostile à l'occupation espagnole), au roi des Espagnes Philippe II (maison de Habsbourg), allié à l'Angleterre. Saint-Quentin est un point stratégique car la cité commande la route vers le sud et Paris : sa prise marquerait un basculement du conflit en faveur des Espagnols.
Or la ville n'est quasiment pas défendue et l'armée française est loin, en Champagne où elle s'est laissé égarer par un stratagème du duc de Savoie, qui conduit l'armée espagnole. L'amiral français Gaspard de Coligny parvient à s'introduire dans la place avec quelques maigres renforts dans la nuit du 2 au 3 août, portant la garnison à deux milliers d'hommes face à l'armée du duc de Savoie, qui compte plus de 60 000 soldats à pied, 17 000 cavaliers et 80 bouches à feu. Coligny soutient le siège tandis que l'armée française, constituée de 18 000 piétons et de 5 000 cavaliers, se hâte de le rejoindre.
Diverses tentatives de l'armée de secours pour forcer le siège échouent, comme celle conduite par François d'Andelot, frère de Coligny. Finalement, la tentative du connétable de Montmorency le 10 août déclenche l'engagement décisif, la bataille de la Saint-Laurent. Les Français doivent traverser la Somme pour entrer dans Saint-Quentin : précipitation, négligence et sous-estimation de l'adversaire (certaines choses ne changent jamais) vont alors se conjuguer. D'une part, les embarcations trop chargées s'échouent ou chavirent. Ceux qui parviennent à traverser se retrouvent seuls face aux arquebusiers espagnols et se font massacrer. François d'Andelot, qui mène cette avant-garde, est blessé. Il ne lui reste qu'une poignée d'hommes sur 2 000 quand il parvient plus mort que vif aux remparts de Saint-Quentin.
De plus, dans la manœuvre, l'armée s'est éparpillée et la cavalerie, d'abord dissimulée dans un bois, est sortie sur la rive car le connétable néglige le danger d'une prise à revers par les Espagnols, qu'il pense impossible malgré l'existence d'un gué à quelque distance. Ce danger pourtant se concrétise : non seulement les Espagnols franchissent le gué bien plus rapidement que le connétable ne le croyait possible, mais ils construisent même un pont de fortune. Ils déferlent donc en masse sur les troupes qui se replient en désordre dans les bois qu'elles venaient de quitter, tandis que de l'autre rive les arquebusiers arrosent à loisir les lignes françaises. Dès lors, la bataille se transforme en déroute. Les 5 000 lansquenets (mercenaires allemands) qui combattaient du côté français rendent les armes ; les Français se débandent malgré les efforts de Louis de Bourbon-Condé ; le connétable de Montmorency est capturé. Les pertes françaises sont estimées à 6 000 hommes tués et 6 000 prisonniers, dont 1 000 nobles. En outre, la totalité de l'artillerie est perdue.
À la cour de France, c'est la panique : plus rien ne peut empêcher l'armée espagnole de marcher sur Paris. Et pourtant, Philippe II ne pousse pas son avantage. Au contraire, il maintient le siège de Saint-Quentin. En effet, Coligny résiste toujours dans la ville, que les sapes et le bombardement continuel réduisent peu à peu en ruines. Finalement, l'assaut est lancé le 27 août. Des défenseurs, il reste moins de 800 hommes valides. Après un dernier combat, ceux-ci se rendent et sont massacrés. Coligny et d'Andelot sont faits prisonniers, la ville est mise à sac et sa population expulsée.
Ces deux semaines perdues par les Habsbourg sauvent les Valois. En effet, la durée du siège a représenté un effort trop important pour les Espagnols aussi. Les deux monarques se trouvent à court de finances. Par exemple, ni le vainqueur ni le vaincu n'ont plus de quoi payer la moindre troupe mercenaire. De plus, le seul général restant à Henri II était au loin : le duc François de Guise occupait alors le royaume de Naples. L'armée du duc de Guise, rappelée de toute urgence d'Italie, trouve ainsi de façon inespérée le temps de revenir. Pour cela elle abandonne toutefois le pape Paul IV dont les États sont alors envahis par le duc d'Albe et qui doit signer séparément la paix de Cave-Palestrina, le 12 septembre 1557.
MunsterBM
Heribertus [Public domain], via Wikimedia Commons
Ce bourg aux fortifications médiévales, sis sur la frontière des Pays-Bas espagnols, est assiégé par les troupes des Habsbourg le 2 août 1557, au cours de la XIe Guerre d'Italie, qui oppose le roi de France Henri II (maison de Valois), allié au pape Paul IV (un Napolitain très hostile à l'occupation espagnole), au roi des Espagnes Philippe II (maison de Habsbourg), allié à l'Angleterre. Saint-Quentin est un point stratégique car la cité commande la route vers le sud et Paris : sa prise marquerait un basculement du conflit en faveur des Espagnols.
Or la ville n'est quasiment pas défendue et l'armée française est loin, en Champagne où elle s'est laissé égarer par un stratagème du duc de Savoie, qui conduit l'armée espagnole. L'amiral français Gaspard de Coligny parvient à s'introduire dans la place avec quelques maigres renforts dans la nuit du 2 au 3 août, portant la garnison à deux milliers d'hommes face à l'armée du duc de Savoie, qui compte plus de 60 000 soldats à pied, 17 000 cavaliers et 80 bouches à feu. Coligny soutient le siège tandis que l'armée française, constituée de 18 000 piétons et de 5 000 cavaliers, se hâte de le rejoindre.
Diverses tentatives de l'armée de secours pour forcer le siège échouent, comme celle conduite par François d'Andelot, frère de Coligny. Finalement, la tentative du connétable de Montmorency le 10 août déclenche l'engagement décisif, la bataille de la Saint-Laurent. Les Français doivent traverser la Somme pour entrer dans Saint-Quentin : précipitation, négligence et sous-estimation de l'adversaire (certaines choses ne changent jamais) vont alors se conjuguer. D'une part, les embarcations trop chargées s'échouent ou chavirent. Ceux qui parviennent à traverser se retrouvent seuls face aux arquebusiers espagnols et se font massacrer. François d'Andelot, qui mène cette avant-garde, est blessé. Il ne lui reste qu'une poignée d'hommes sur 2 000 quand il parvient plus mort que vif aux remparts de Saint-Quentin.
De plus, dans la manœuvre, l'armée s'est éparpillée et la cavalerie, d'abord dissimulée dans un bois, est sortie sur la rive car le connétable néglige le danger d'une prise à revers par les Espagnols, qu'il pense impossible malgré l'existence d'un gué à quelque distance. Ce danger pourtant se concrétise : non seulement les Espagnols franchissent le gué bien plus rapidement que le connétable ne le croyait possible, mais ils construisent même un pont de fortune. Ils déferlent donc en masse sur les troupes qui se replient en désordre dans les bois qu'elles venaient de quitter, tandis que de l'autre rive les arquebusiers arrosent à loisir les lignes françaises. Dès lors, la bataille se transforme en déroute. Les 5 000 lansquenets (mercenaires allemands) qui combattaient du côté français rendent les armes ; les Français se débandent malgré les efforts de Louis de Bourbon-Condé ; le connétable de Montmorency est capturé. Les pertes françaises sont estimées à 6 000 hommes tués et 6 000 prisonniers, dont 1 000 nobles. En outre, la totalité de l'artillerie est perdue.
À la cour de France, c'est la panique : plus rien ne peut empêcher l'armée espagnole de marcher sur Paris. Et pourtant, Philippe II ne pousse pas son avantage. Au contraire, il maintient le siège de Saint-Quentin. En effet, Coligny résiste toujours dans la ville, que les sapes et le bombardement continuel réduisent peu à peu en ruines. Finalement, l'assaut est lancé le 27 août. Des défenseurs, il reste moins de 800 hommes valides. Après un dernier combat, ceux-ci se rendent et sont massacrés. Coligny et d'Andelot sont faits prisonniers, la ville est mise à sac et sa population expulsée.
Ces deux semaines perdues par les Habsbourg sauvent les Valois. En effet, la durée du siège a représenté un effort trop important pour les Espagnols aussi. Les deux monarques se trouvent à court de finances. Par exemple, ni le vainqueur ni le vaincu n'ont plus de quoi payer la moindre troupe mercenaire. De plus, le seul général restant à Henri II était au loin : le duc François de Guise occupait alors le royaume de Naples. L'armée du duc de Guise, rappelée de toute urgence d'Italie, trouve ainsi de façon inespérée le temps de revenir. Pour cela elle abandonne toutefois le pape Paul IV dont les États sont alors envahis par le duc d'Albe et qui doit signer séparément la paix de Cave-Palestrina, le 12 septembre 1557.
MunsterBM
Heribertus [Public domain], via Wikimedia Commons