Événements récents (repères historiques)

Le jeu de rôle des guerres de religion

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Wangrin
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Événements récents (repères historiques)

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Août 1557 : désastre de Saint-Quentin.

Ce bourg aux fortifications médiévales, sis sur la frontière des Pays-Bas espagnols, est assiégé par les troupes des Habsbourg le 2 août 1557, au cours de la XIe Guerre d'Italie, qui oppose le roi de France Henri II (maison de Valois), allié au pape Paul IV (un Napolitain très hostile à l'occupation espagnole), au roi des Espagnes Philippe II (maison de Habsbourg), allié à l'Angleterre. Saint-Quentin est un point stratégique car la cité commande la route vers le sud et Paris : sa prise marquerait un basculement du conflit en faveur des Espagnols.

Or la ville n'est quasiment pas défendue et l'armée française est loin, en Champagne où elle s'est laissé égarer par un stratagème du duc de Savoie, qui conduit l'armée espagnole. L'amiral français Gaspard de Coligny parvient à s'introduire dans la place avec quelques maigres renforts dans la nuit du 2 au 3 août, portant la garnison à deux milliers d'hommes face à l'armée du duc de Savoie, qui compte plus de 60 000 soldats à pied, 17 000 cavaliers et 80 bouches à feu. Coligny soutient le siège tandis que l'armée française, constituée de 18 000 piétons et de 5 000 cavaliers, se hâte de le rejoindre.

Diverses tentatives de l'armée de secours pour forcer le siège échouent, comme celle conduite par François d'Andelot, frère de Coligny. Finalement, la tentative du connétable de Montmorency le 10 août déclenche l'engagement décisif, la bataille de la Saint-Laurent. Les Français doivent traverser la Somme pour entrer dans Saint-Quentin : précipitation, négligence et sous-estimation de l'adversaire (certaines choses ne changent jamais) vont alors se conjuguer. D'une part, les embarcations trop chargées s'échouent ou chavirent. Ceux qui parviennent à traverser se retrouvent seuls face aux arquebusiers espagnols et se font massacrer. François d'Andelot, qui mène cette avant-garde, est blessé. Il ne lui reste qu'une poignée d'hommes sur 2 000 quand il parvient plus mort que vif aux remparts de Saint-Quentin.

De plus, dans la manœuvre, l'armée s'est éparpillée et la cavalerie, d'abord dissimulée dans un bois, est sortie sur la rive car le connétable néglige le danger d'une prise à revers par les Espagnols, qu'il pense impossible malgré l'existence d'un gué à quelque distance. Ce danger pourtant se concrétise : non seulement les Espagnols franchissent le gué bien plus rapidement que le connétable ne le croyait possible, mais ils construisent même un pont de fortune. Ils déferlent donc en masse sur les troupes qui se replient en désordre dans les bois qu'elles venaient de quitter, tandis que de l'autre rive les arquebusiers arrosent à loisir les lignes françaises. Dès lors, la bataille se transforme en déroute. Les 5 000 lansquenets (mercenaires allemands) qui combattaient du côté français rendent les armes ; les Français se débandent malgré les efforts de Louis de Bourbon-Condé ; le connétable de Montmorency est capturé. Les pertes françaises sont estimées à 6 000 hommes tués et 6 000 prisonniers, dont 1 000 nobles. En outre, la totalité de l'artillerie est perdue.

À la cour de France, c'est la panique : plus rien ne peut empêcher l'armée espagnole de marcher sur Paris. Et pourtant, Philippe II ne pousse pas son avantage. Au contraire, il maintient le siège de Saint-Quentin. En effet, Coligny résiste toujours dans la ville, que les sapes et le bombardement continuel réduisent peu à peu en ruines. Finalement, l'assaut est lancé le 27 août. Des défenseurs, il reste moins de 800 hommes valides. Après un dernier combat, ceux-ci se rendent et sont massacrés. Coligny et d'Andelot sont faits prisonniers, la ville est mise à sac et sa population expulsée.

Ces deux semaines perdues par les Habsbourg sauvent les Valois. En effet, la durée du siège a représenté un effort trop important pour les Espagnols aussi. Les deux monarques se trouvent à court de finances. Par exemple, ni le vainqueur ni le vaincu n'ont plus de quoi payer la moindre troupe mercenaire. De plus, le seul général restant à Henri II était au loin : le duc François de Guise occupait alors le royaume de Naples. L'armée du duc de Guise, rappelée de toute urgence d'Italie, trouve ainsi de façon inespérée le temps de revenir. Pour cela elle abandonne toutefois le pape Paul IV dont les États sont alors envahis par le duc d'Albe et qui doit signer séparément la paix de Cave-Palestrina, le 12 septembre 1557.

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Janvier 1558 : prise de Calais



Rappelée de toute urgence d'Italie, l'armée du duc de Guise, bombardé lieutenant-général du royaume, contre-attaque aux premiers jours de l'année 1558. Pour cela, Henri II décide de reprendre Calais, anglaise depuis 1347. C'est un projet qu'il caresse depuis longtemps, et il a pris soin les années précédentes de faire relever par Coligny les plans des fortifications de la ville. Le pari reste audacieux : on recrute 10 000 mercenaires en Allemagne, que l'on ne pourra payer qu'en cas de victoire…

L'opération est préparée dans le plus grand secret, malgré la levée de 20 000 hommes : l'armée du duc de Guise se poste du côté de Saint-Quentin, tandis que l'armée du duc de Nevers manœuvre pour attirer les troupes impériales en Champagne, mais les deux troupes foncent subitement sur Amiens, où la jonction est effectuée le 29 décembre 1557. Parallèlement, un blocus maritime est établi au moyen d'une armada comptant pas moins de 50 vaisseaux, qui chassent les navires anglais. Ceux-ci croient cependant à de simples démonstrations de force avant la reprise des hostilités attendue au printemps et ne cherchent pas à forcer le blocus.

L'offensive est lancée le 1er janvier 1558 et la conquête du Calaisis est foudroyante. Le lendemain, les Français sont aux portes de la cité. Mais celle-ci est séparée de la terre par un fossé inondé, traversé d'une chaussée défendue par deux fortins, Nieulay et Risban. À la faveur de l'hiver, des pièces d'artillerie ont pu franchir les marais gelés : elles entrent en action au matin du 3 janvier. Les défenseurs des forts Nieulay et Risban, pris au dépourvu, se replient précipitamment. Il faut dire que les effectifs totaux de la garnison anglaise ne dépassent pas les… 800 hommes, tant personne ne s'attendait à une offensive.

Le 3 janvier, depuis les forts, le bombardement des murailles de Calais débute. Entre-temps, François d'Andelot (frère de Coligny) s'échappe de sa prison impériale et rejoint l'armée devant Calais. Mais il faut maintenant trouver le moyen d'accéder aux murailles de la citadelle médiévale, dont les fossés sont en eau. Des travaux de sape permettent de drainer les douves dans la Manche. Le 4 janvier, les arquebusiers prennent pied au bas des remparts et les canons font voler en éclats la porte de la citadelle. Tout est prêt pour l'assaut final.

Celui-ci a lieu le 5 janvier. Les assaillants se précipitent à travers la brèche ménagée par l'artillerie et bousculent les défenseurs. Ceux qui ne parviennent pas à fuir sont passés par le fil de l'épée et la citadelle tombe aussitôt. La ville proprement dite, en revanche, tente de tenir, mais la confusion est trop grande et des dissensions surgissent entre les habitants. Deux jours plus tard, le gouverneur, Thomas Wentworth, capitule et une délégation vient implorer la clémence de Guise, qui l'accorde d'autant mieux qu'il n'a pas d'intérêt à ternir la gloire de sa victoire par un carnage inutile.

Le 8 janvier, les Français entrent donc dans la ville et se font remettre toutes les fortifications, tandis que la population est libre de s'en aller en Angleterre, à la condition qu'elle abandonne tous ses biens sur place. Par prudence néanmoins, Wentworth est constitué prisonnier avec cinquante otages. Malgré les consignes, les soldats pillent la ville : le butin est considérable et renfloue les caisses du royaume. Fortune supplémentaire, l'armée française met la main sur pas moins de 300 canons, qui lui permettent de reconstituer une artillerie mise à mal à Saint-Quentin.

Le 9 janvier, la flotte anglaise apparaît à l'horizon, un peu trop tard : devant le fait accompli, elle doit rebrousser chemin. Enfin, Henri II entre triomphalement dans Calais le 26 janvier : c'en est fini de deux siècles d'occupation anglaise et le cours de la guerre reprend un tour favorable : Marie Tudor doit faire la paix. La gloire de François de Guise est à son comble.

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