Résumé de vos tribulations

Le jeu de rôle des guerres de religion

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Wangrin
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Résumé de vos tribulations

Message par Wangrin »

Icy s'écrit la chronique des maux et travaux qui vous échoient en le povre royaume de France.
Si la Fortune est avec toi, pourquoi te presser ?
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Viracocha
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Message par Viracocha »

(« Carnet de voyage d'un cavalier »)
[le reste du document sera traduit de l'allemand dans la langue de Rabelais pour en facilité la compréhension de tous. Quelques fautes notamment sur les noms propres pourraient persister. Veuillez par avance en pardonner le traducteur qui aura fait de son mieux]

En ce jour de printemps de l'année 1560, Balthazar, jeune hobereau français, Gaston Lepape, talentueux artisan auvergnat, Florimont de Lautrendel, le nouveau précepteur de la famille de Sansony et moi-même, avons entrepris un voyage en direction de Lyon où nous devons rejoindre la suite du Baron Pleissans de Sansony à l'occasion du mariage de son unique fille Aggripine.

Sur la bac de Montbrison qui nous permis de franchir la Loire, nous rencontrâmes mon vieux camarade de bataille, Claude de Charosse dont, tout comme Balthazar, j'avais fait la connaissance lors du sanglant épisode de Saint-Quentin, il y a trois ans de cela.

Celui-ci nous conta par le menu lors d'un somptueux repas agréablement arrosé de vin français à « l'Hostellerie de la Truffe au Lard » [NDT : trois petites fourchettes ont été griffonnées dans la marge du manuscrit à cet endroit], comment il escomptait subtiliser une jeune noble du cru destinée à un mariage d'argent pour la conduire auprès de son jeune soupirant, Philibert de Rochechouard, lui même protégé par un secret commanditaire (Claude sous-entendit fortement qu'il s'agissait de Monsieur le connétable de Montmorency, notre ancien commandant).

Inspirés par une indéfectible loyauté à l'égard de cet illustre serviteur du Roi ainsi que par tous ces nectars issus de la vigne de France, nous acceptâmes sans hésitation d'assister ce gentilhomme dans cette affaire galante et de soustraire la belle Augustine de Gaad à un mariage malheureux.

Après moult agapes donc, nous nous rendîmes à un rendez-vous secret près du calvaire de Saint Jean où Claude accompagné de deux jeunes conspirateurs nous fit part des détails du sauvetage de cette beauté locale auquel nous allions nous livrer.

Le lendemain au cours de la messe du dimanche, nous profiterions de la désertion des rues du bourg de Feurs par ses âmes chrétiennes qui seront toutes allées communier avec le Seigneur à l'église pour nous rendre auprès de la dame qui se sera au préalable fait porter pâle.
La famille de celle-ci étant actuellement hébergée dans la demeure d'un riche grainetier local, il nous serait aisé de nous introduire auprès de la gente dame par l'entremise d'un vieux valet prénommé Henriquet qui nous ouvrit la poterne en réponse à un mot de passe attendu (« Nous venons pour l'affaire que vous savez... »).

Et c'est ainsi que l'affaire se déroula, tout du moins jusqu'à ce que le valet nous eu mené auprès de la gente dame dans la petite chapelle de la demeure où elle se trouvait... avec quarante autres personnes.
Là nous assistâmes à une cérémonie religieuse quelque peu différente de la version catholique qui se déroulait au même moment dans l'église du village. Mes compagnons firent bonne figure (autant qu'ils le pussent du moins). Il me fut plus complexe d'entonner cet étrange cantique « en français, je vous prie » ([NDT : cette partie était effectivement écrite en français].

C'est lorsque la foule sortie de l'église entama une procession qui passa devant la demeure où nous nous trouvions que les événements s'envenimèrent. Les adeptes de la foi reprouvée qui nous entouraient et notamment le ministre Louvain qui dirigeait la cérémonie prirent à partie, du haut de la balustrade ceinte dans l'édifice, les dignes catholiques qui poussaient le cantique dans la rue plus bas.
Des échanges de quolibets, nous arrivâmes rapidement à des jets de caillasses pour en finir avec quelques arquebusades agrémentées d'autres mousqueteries. La foule, hors de ses gonds, s'empressa de rendre la pareille aux portes de la demeure où nous trouvions afin d'en découdre au plus vite avec leur détracteurs.

Profitant de la confusion régnante, nous suivîmes les femmes à l'étage (pour s'assurer de leur sécurité) et Florimont parvînt finalement à persuader la tendre et belle Augustine de nous suivre pour rejoindre son bien-aimé Philibert. N'ayant à l'esprit que l'accomplissement de notre devoir, nous nous éloignâmes de la cohue meurtrière formée par les deux factions religieuses pour enjamber la balustrade du deuxième étage et accéder au toit de la demeure voisine par le biais d'une corde judicieusement fabriquée à l'aide de draps noués.
Je n'ai pas l'heur de me souvenir de tous les événements qui suivirent. On me dit que ma tête heurta la rambarde du premier étage et que je perdis conscience. Je me souviens néanmoins de la chute qui suivi où je traversais les tuiles du toit voisin avant d'être stoppé par un madrier de la charpente (en tout cas mon plastron de fer en garde une bosse mémorable). J'ouvrais cependant une voie nouvelle à mes compagnons en recherche d'une sortie. Je me souviens aussi avoir vu Gaston lancer, avec brio, un gourdin de sa fabrication sur le caniche agressif qui gardait les lieux. Malheureusement, le pauvre animal mourut dans l'affaire. Je réalisait aussi par la suite, à la tenue ensanglantée de Balthazar, que celui-ci, s'étant retrouvé seul face à la foule fanatisée et haineuse des catholiques, avait dû défendre sa vie à la pointe de son épée (au grand dam de ses agresseurs).

Bref, nous parvînmes à rejoindre Claude de Charosse en compagnie de la douce Augustine. Celui-ci nous révéla qu'en réalité son commanditaire n'était autre que le Prince de Condé et que, fort épris de la jeune dame, il l'invitait à le rejoindre pour jouir de sa protection. Celle-ci s'y refusa invoquant sa flamme pour Philibert de Rochechouard. N'écoutant que notre devoir de gentilshommes et la requête de la jeune dame de rejoindre son bien-aimé, nous raccompagnâmes Augustine à la demeure des Rochechouard, le cœur emplit par le sentiment du devoir accompli.

J.W. Von Strotheim
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Message par Wangrin »

Excellent résumé ! :D Tu gagnes un rang de providence !
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Viracocha
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Message par Viracocha »

Après moultes péripéties, nous voilà arrivés en la bonne ville de Lyon.
A peine franchies les murailles de la cité que nous fumes pris à partie dans une estrange joute entre charretiers italiens et quelques pauvres marraults en queste de quelques piécettes.
L'encombrement créé là, au croisement de deux rues du quartier des tisserants, fut l'occasion de faire connaissance avec le sergent Poidevin et ses hommes de garde en charge du maintien de l'ordre ainsi que de Sieur Théodore Coqueret, parisien et poète de son état.

Celui-ci nous permis de nous remettre de nos émotions autour d'un bon gros pichet de vin français et, tout en nous faisant découvrir la populaire Taverne du Gros Tonnel (sied au quai des Augustins). [deux petites chopines ont été griffonnées dans la marge face au nom de l'établissement], nous appris l'état de disgrâce dans lequel il se trouvait mis par les gens de la Sorbonne après avoir écrit un pamphlet bien méjugé.
Nous nous rendîmes ensuite en l'hôtel particulier de notre seigneur, le Baron de Sansony pour lui présenter nos hommages et fîmes par la même connaissance avec Antonia, la nouvelle baronne et somptueuse italienne (elle est la fille d'un banquier genevois installé à Paris) ainsi que de Monsieur de Loubinsse, Comte de Villeroux (présentement, prétendant officiel au mariage d’Agrippine de Sansony) et de son patibulaire garde du corps, Pierre Morimont.

Nous remîmes ensuite une lettre au Baron confié à nos soins par Théodore dans laquelle il assurait à celui-ci de sa fidélité à la Couronne et à la maison de Guise et où il quémandait un entretien à notre seigneur pour lui faire d'un part d'un fait « dangereux » dont il aurait pris connaissance et qui pourrait l'intéresser lui et les princes qu'il sert.

Malheureusement, le soir même, le pauvre poète fut trucidé devant les marches du Gros Tonnel.

Pour démêler les écheveaux de cet outrage, nous nous rendîmes le lendemain auprès du libraire Fricot, logeur de T. Coqueret, sied rue de la Grenette dans le quartier des imprimeurs.
Après avoir examiné le local mansardé ou vivait Théodore, nous ne découvrîmes que quelques lettres galantes ainsi qu'une lettre destinée à Claude Vaupierre (libraire à Paris) où il évoquait la « machination par lui découverte à Lyon entre ses murs Saône et Rhône ».

Nous interrogeâmes la douce lavandière avec laquelle Coqueret fricotait pour rétablir ses derniers faits gestes ainsi que des petits mendiants du quai des augustins qui avaient assisté à son trépas sous les couteaux de pas moins d'une douzaine d'hommes masqués.

Nous finîmes par prendre en filature le libraire Lazare Fricot et son ouvrier Gaspard Courière, dont nous commencions à soupçonner les accointances protestantes.
A la nuit tombée, ceux-ci nous menèrent tout droit à l’hôtel de Monsieur de Quinquenet, consul de la ville de Lyon. Dissimulés, nous observâmes les allers et venues de plusieurs personnes.
Nous entreprîmes de nous saisir de l'un d'eux : le sieur Simonot, protestant de son état. Interrogé, un peu trop vigoureusement à mon goût, par Balthazar dans le cellier des De Sansony, le pauvre hère nous enjoint de nous rendre à l’Église de Saint-Serge, avant de trépasser.

Le lendemain, à peine rendu de l'autre côté de la Saône où se trouve l'édifice religieux, nous assistâmes à l'assassinat du prêtre Martin Courière par une troupe d'hommes masqués.
Nous reconnûmes parmi les agresseurs, le sinistre valet de Villeroux, Pierre Morimont.
Choqué par la mort de son oncle, Gaspard Courière, membre de la congrégation des réprouvés, nous donna rendez-vous pour nous révéler le fin mot de l 'histoire.

Le soir même, les hommes de main du consul ainsi que l'âme damnée du Comte firent assaut sur l’hôtel de Sansony.
Moultes personnes y perdirent la vie et nous ne survécûmes que grâce au grand esprit diplomatique de notre bon Baron.

P.S. De ce jour, j'écris plus pour me rafraîchir la mémoire. Peut-être celle-ci est-elle faussée par le temps passé. Quoiqu'on en dise, de l'Histoire c'est toujours les écrits qu'il en reste.

J.W. Von Strotheim

Addenda _ Jours suivants

Le lendemain, le baron nous convoqua en ses appartements (quelques peu abîmés par les échauffourées récentes) pour nous adjoindre de confondre les conjurés et d'effectuer une démonstration de force qui leur rappelle la position dominante de notre bon seigneur.
Il délia aussi les cordons de sa bourse pour lui avoir fait rempart de nos vies au cours de cet épisode déplaisant et nous remercier de nos loyautés.
J'en profitais pour rendre visite à cet heaumier de ma connaissance et fit l'acquisition d'un magnifique armet d'Italie finement orfévré.
Après quelques chansonnettes et danses bienheureuses effectuées dans le petit salon en compagnie de maître Florimond et de la douce baronne Antonia (qui joue merveilleusement bien de l'épinette), nous nous mîmes à l'ouvrage.
Nous nous prémunîmes d'une chaise-à-roulettes pour trimballer cahin-caha ce pauvre Balthazar encore tout moulu et convalescent des heurts de la veille et nous rendîmes au quai des Augustins pour nous renseigner.
La taverne du Gros Tonnel nous sembla l'emplacement idéal pour enquêter d'autant que le tenancier venait de recevoir un tout nouvel arrivage d'un excellent vin d'Anjou [trois petites chopines sont griffonnées dans la marge du manuscrit].
Nous y fîmes la connaissance d'un jeune ruffian nommé Scévolé que nous engageâmes pour enrôler des gamins des rues afin de filer les conjurés et de tous les identifier.
Celui-ci se montra d'un naturel affable, malgré ses origines miséreuses, et sembla prendre sa tâche très à cœur d'autant plus motivé par les quelques sols que je laissais échapper de mon aumônière.
Nous apprîmes que le pauvret n'avait point de logement, qu'il passait ses nuits dans la rue et dormait sur le dessus d'un muret.
Puisqu'il nous sera sans doute utile pour espionner la réunion des conjurés chez le consul voir à subtiliser un document compromettant, nous décidâmes donc de le prendre avec nous et de le laisser dormir dans le foin des écuries de l'Hôtel de la Rigaudière.
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Message par Viracocha »

Journal personnel, Avril 1562

Le Baron m'a convoqué pour m'annoncer sa nomination à la Lieutenance du Comté de Villeroux et son départ pour la cour du Roy avec toute sa maisonnée.
Je ne sais s'il s'agit d'une sanction ou d'une marque de confiance mais il m'a confié la garde de son Domaine de la Rigaudière (heureusement que Thomasin reste, lui aussi, pour assurer l'intendance).
Je crois que mon seigneur me tiens rigueur et jalouse le somptueux armet italien dont je fis pourtant l'acquisition sur son ordre pour me payer de mes loyautés.
Je ne comprends pas : le panache du capitaine de sa Garde ne fait pourtant que rejaillir sur le prestige de sa maisonnée. Ne le comprend-il pas?

Enfin, après cette triste nouvelle du départ, sans moi, de mon maître pour Amboise, le beau soleil qui brillait sur cette belle journée de printemps n'en cessa pas de briller pour autant, bien au contraire.
Ce n'était là que le présage d'une bienheureuse rencontre.
Alors que j'avais décidé de patrouiller les rues de cette bonne ville de Lyon en affichant encore une fois par ma prestance toute la splendeur et la prospérité des Sansony,
mon attention fut attirer par un bruit d'esclandre provenant du hall d'entrée d'un Hôtel bourgeois des beaux-quartiers sît non loin de la Rigaudière.
Voyant une troupe de manants, armés de gourdin menaçant les habitants de la demeure, je pénétrais les lieux monté sur mon destrier pour rappeler à l'ordre les vils rustauds.
Un artisan du nom d'Albert Berthelot et ses manouvriers usaient de quolibets à l'encontre du sieur Spiwak, négociant drapier de son état, et de sa famille,
ainsi qu'à l'encontre de toute la communauté juive de Lyon, pour une sombre histoire de financement de métier à tisser.
Je descendit de cheval pour rappeler les règles de la bienséance à ce triste personnage et surtout trouver un terrain d'entente entre les deux parties.
La chose ne fut pas aisée voir impossible quoiqu'il en soit les manants repartirent sans plus menacer ces gentils bourgeois.

Pour me remercier de mon intervention, les gentils Samuel et Sarah Spiwak m'invitèrent en leur demeure et me présentèrent toute leur descendance et notamment leur charmante fille aînée : l'altière et gracieuse Malkiela.
Au cours de cette douce journée, elle m’envoûta, telle la Lorelei sur son rocher, par la beauté de son chant et l'éloquence de ses propos.
Durant les jours qui suivirent, nous fîmes plus amples connaissances l'un de l'autre et, à n'en point douter, elle est mon âme sœur. Elle est ma Brunehilde, je suis son Siegfried !
Je demandais sa main, elle accepta. Mais comment nous marier? Comment Dieu pût-il destiner deux êtres au cœur pur à s'aimer tout en étant de confessions différentes sans vouloir les marier?
Le prêtre Jean de L’Église de Saint-Frusquin et le père de l'Abbaye des Célestins ne semblent par vouloir le comprendre, dans leur aveuglement sectaire.
Peu importe. Ma douce Malkiela et moi- même, trouverons bien le moyen de nous unir aux yeux de Dieu.

En ce jour du 29 avril 1562, un incident interrompit nos recherches.
A travers toute la ville, les tocsins des églises se sont mis à sonner. Après une échauffourée rapide à la paroisse du quartier, nous avons compris la situation : les gens sont devenus fous.
Les conjurés réprouvés ont pris les armes.
Après avoir échappé à l’ire incontrôlable des protestants guidés leur champion, le Baron des Adrées,
Malkiela, toute sa famille et mes compagnons, nous nous sommes réfugiés, à nouveau derrière les murs silencieux de l’Hôtel de la Rigaudière, espérant échapper à la folie des hommes.

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Message par Viracocha »

La nuit était à peine entamée que déjà nous entendîmes les détonations lointaines des arquebusades protestantes.
Sentant le danger devenir plus pressant, je décidais de convaincre dame Antonia de la nécessité de quitter la ville et de nous rendre en sûreté en terre de Sansony avec toute la maisonnée restante mais cette tête de linotte n'en fit qu'à sa tête : elle se perdait en remontrance à savoir quelle robe prendre et mettre dans telle malle ou telle autre. Ses préoccupations étaient celles de l'abandon de l'espinette ou de sauver la mandoline. Le résultat fit que nous n'étions guère avancés dans nos préparatifs quand la cloche de la poterne se mit à sonner.

L'arrivée de l'envoyé du gouverneur en la personne du sieur Hector de Malmaison finit de convaincre la jeune baronne de la nécessité de fuir devant les Huguenots, que Dieu l'ai en sa garde!
Je pu avoir raison des dernières réticences de la dame et nous laissâmes là chariote et malles de vêtements pour prendre chemin dans les rues de la cité de Lyon et nous diriger vers le nord, le sieur de Malmaison nous ayant fit ouïr que la cité de Villefranche était encore aux mains des catholiques.

Le calme des rues du quartier résidentiel du sud de Lyon laissa bientôt place aux rues pavés et étroites du centre de la cité.
Nous découvrîmes les premiers corps des victimes jonchant le sol, puis vint les cris des fuyards et de leurs impitoyables poursuivants qui les abattaient en hurlant « mort aux papistes! ».
L'odeur de la poudre, les détonations, l'éclat des flammes des arquebusades dans les vitraux des églises me poussèrent à user d'un subterfuge pour accomplir mon devoir et sauver toute la maisonnée de Sansony et la famille de ma douce Malkiela que le fidèle Balthazar et moi-même étions seuls à pouvoir protéger face à toute cette folie meurtrière.
Nous nous munîmes de brassards blancs (je déchirais ma chemise pour cela) prenant momentanément le signe distinctif des révoltés Huguenots.

Ma ruse fonctionna et nous pûmes rallier le pont près de la taverne du Gros Tonnel.
Je rabrouais les factieux sur le pont du haut de mon destrier et ceux-ci s'écartèrent sans doute impressionnés par ma mise (n'oublions pas que je portais mon somptueux armet italien, il me prêta sans doute chance).

Balthazar et moi escortâmes donc toute la petite troupe jusqu'à la rive ouest où nous évitâmes le gros des escarmouches pour nous diriger vers la porte nord. Elle était apparemment moins gardée et nous surprîmes surtout une altercation entre gens de la Réforme barricadés et soldats de la villes réfugiés dans la barbacane de la porte. Après que les premiers eurent déchargé leurs mousquets sur les seconds, nous chargeâmes à deux contre dix, n'écoutant que la nécessité d'accomplir notre devoir et de faire quitter la ville à nos protégés.

Après cette charge héroïque qui me vit transpercer de ma lance l'un des révoltés, tels qu'autrefois à Saint-Quentin, Balthazar le spadassin et moi même dégainèrent nos flamberges et combattirent côtes à cotes, tranchant et taillant en pièces cette piétaille hérétique.

Le chemin dégagé, nous pûmes soulever la barre de bois qui bloquait les vantaux de la porte nord et nous diriger vers les faubourg avec nos gens.
Là, sur la route, des gens du peuple soulevés au nom des réformés s'en prirent encore à nous près d'une auberge dévalisée et d'une église en flamme. D'un coup de pistole au visage et appuyés par la mouscaille des soldats du gué à qui nous avions prêté main forte malgré tout, nous fîmes fuir ces derniers gueux et poursuivirent notre chemin vers Villefranche.

Un peu plus loin sur la route la silhouette d'un cavalier esseulé en chemise blanche et au trot se découpa devant nous...

30 avril 1562, Villefranche
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Message par Viracocha »

Au matin du 15 avril 1562

Le cavalier mystérieux que nous rattrapâmes rapidement se présenta comme étant Hippolyte d'Albon, docteur en théologie.
Nous réalisâmes prestement au vu de la sombre tache à l'avant de sa chemise que le pauvre homme était fortement blessé. Après un examen rapide, je constatais que la marque sur son plexus était celle du sabot d'un cheval (mais comment peut-on se blesser de la sorte?). Je bandais sa plaie après un nettoyage à l'alcool comme j'avais appris à le faire sur les champs de bataille et remettais l'homme sur sa selle. Une longue route nous attendait encore jusqu'à Villefranche.

A peine nous sommes nous avancés de quelques lieues, que nous aperçûmes dans le jour naissant les lueurs des feux de campements d'une armée disséminée dans la vallée devant nous, sans doute celle du Baron des Adrées.
Nous prîmes décision de contourner la vallée et nous engageâmes sur la route de Caluire que ma douce Adélaïde connaissait de ses promenades sur les bords de L'Oin, affluent de la Saône (Oh Dieu, est-il possible qu'elle soit aussi érudite qu'elle est charmante? C'est grande merveille!)

Sur la route en question, alors que nous nous étions une nouvelle fois arrêté pour réexaminer la plaie suppurante de notre nouveau compagnon Hippolyte qui souffrait le martyr et avait bien peine a rester sur sa monture, nous fûmes rejoints par César, le fils aîné du Baron de Sanssony.
Ses talents en médecine, récemment acquis sur les bancs de l'académie nous furent utiles à rétablir le pauvre théologien.

A peine la route reprise que nous nous heurtâmes à un fort parti de reformés guidés par le tristement connu Pierre Morimont. Malgré ses quolibets et ses menaces je chargeais ses manants pour permettre à mes gens de fuir sur la crête des coteaux.
Lorsqu'ils furent remis de leur surprise, ils nous prirent en chasse et c'est avec non moins d'une cornette de cinquante cavaliers légers à nos trousses que nous nous sauvâmes.

Après leur avoir échappé, nous nous reposâmes quelques temps dans un hameau abandonné le temps d'avaler quelques provisions et de changer une nouvelle fois le pansement de sieur d'Albon.
Mais Morimont et ses sbires nous retrouvèrent une nouvelle fois et après quelques échanges d'arquebusades nous reprîmes la fuite. Nous pûmes traverser l'Oin à gué sous les feux de nos ennemis.
Avec à peine quelques longueurs sur nos poursuivants et nos montures harassées par tant d'efforts, nous traversâmes la vallée de l'Oin ou de l'Azergue dans le jour assombrissant pour atteindre un village assiégé. Traversant les lignes ennemies et appuyés par les tirs de mousquets des habitants, nous rejoignîmes les derniers résistants catholiques de bourg dirigés par François et Grazien d'Azergue.

Descendus de nos montures, nous comprîmes que ceux-ci ne tenaient plus que le cœur du village, l'église et l’hôtel particulier de la famille d'Azergues. Trois rues, toutes barricadées, en étaient les seuls accès. François, le seigneur de ces lieux, son fils Grazien et son frère Louis nous accueillirent en leur demeure pour que nous nous y reposâmes, fourbus que nous étions.
Nous apprîmes plus tard que Anne, la petite nièce du seigneur, blessée mortellement pas une balle agonisait dans une des chambres de la maisonnée, d'où la tristesse accablante visible sur tous les visages de cette famille.

Au lendemain, quelques peu reposés de notre chevauchée, nous primes place sur les barricades, au côté des Azergues mais aussi du père Bouillard, enthousiaste guide de la paroisse et d'Henriot la gaule, le solide garde-chasse. Nous fîmes de notre mieux pour les aider à contenir les assauts des réformés et ceux-ci eurent à dénombrer de fortes pertes. Dieu est avec nous après tout!

De retour dans la demeure des Azergues et envoyés par Grazien pour s'enquérir de l'absence de son père durant l’échauffourée matinale, nous le recherchâmes dans les nombreuses pièces de la maisonnées, dérangeant malencontreusement Marie d'Azergues fort épleurée en compagnie de sa vieille mère et au chevet de sa nièce mourante.
Nous finîmes par trouvé la chambrée du maître des lieux pour le découvrir avec stupéfaction, occis d'un coup de couteau à la gorge assis dans son siège près de l'âtre.
Sans trop déranger les lieux ni le corps de la victime, nous épargnâmes cette vue cruelle à la veuve doublement épleurée jusqu'à la venue de son fils et de son beau-frère.
Nous revoilà à nouveau dans une situation bien compliquée.
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Message par Viracocha »

Nous avons quitté ce nid de serpents qu'est Azergues en compagnie d'Arthus de Causset, comte de Segondiny.
Les troupes de celui-ci nous ayant prêté main forte et permis de repousser la menace huguenote.
Le comte, envoyé par son frère le maréchal de Brissac, n'étant venu en premier lieu que pour reconnaître le lien de paternité entre celui-ci et Anne (de Causset), tristement décédée le jour même.

Profitant du départ du comte de Segondiny, notre compagnie s'élance à nouveau sur la route.
Chemin faisant, nous avons récupéré René, le valet de messire Hypolite, coincé sous un pont par un groupe de paysans l'ayant pris pour un reformé.
Nous parvenons (enfin) à Villefranche, petite bourgade agréable établie en bord de Saône, où nous prenons quelques repos bien mérités.
L'Auberge du petit tonnel est un établissement honorable à recommander.
[trois petites fourchettes ont été griffonnées à côté]

Décidés à rejoindre la famille parisienne de la baronne Antonia, nous prenons la direction de Paray-en-Monial, plus au nord.
Faisant halte à Belleville-en-Beaujolais, César nous enjoint d’œuvrer à la libération de Monsieur de Lerry, clerc de son état et ami du fils du baron qu'il a connu sur les bancs de la faculté de Montpellier.
Monsieur de Beaujeu, seigneur du Beaujolais, ayant accusé Monsieur Lerry d'organiser des messes protestantes, celui-ci se trouve actuellement écroué dans la tour carré qui sert de prison à la bourgade.
Le prévôt, maître Populus, se voit lui-même être reproché par le seigneur d'être de la mauvaise religion et de ne point agir. Nous voilà pris à partie et chargés de régler l'affaire.
Malheureusement, après entretien avec le suspect, maitre Hypolite se voit confirmer l'hérésie (assumée) de celui-ci.
Adélaïde, partie enquêter de son côté au sujet de la grange où aurait eu lieu les messes suspectes, découvre un libellé placardé du Prince de Condé, qu'elle lit aux villageois empressés.
Pendant ce temps, César a un entretien, d'où je suis éconduit, avec Messire de Beaujeu.

Avril 1562, Belleville-en-Beaujolais
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